Fiches de métiers

   Renforcer la culture de la prévention 

 

  L'AFTIM Bossons Futé est une association loi 1901 reconnue d'utilité publique.  

 

 

 

                                                                                                       

Travailleurs des bains maures traditionnels (Maroc)

FICHE METIER BOSSONS FUTE N° 362 (Maroc)

ROME : D1203
CITP-08 : 5329 INSEE :

1. INTITULES SYNONYMES OU APPARENTES

  • Masseurs (kessal) et masseuses (tyaba) des bains maures (hammams) traditionnels publics

  • Hôtesses d’accueil (ghallassa)
  • Chauffeur de chaudière à eau (farnatchi)

2. DEFINITION

Le hammam traditionnel est un bain à vapeur chaude (environ 50°C) et humide (degré hygrométrique de 100 %).

Les masseurs aident les clients à se laver en les massant, les frottant et les savonnant.

Les hôtesses d’accueil rangent les sacs et les vêtements des clients sur les étagères de la salle de déshabillage.

Le chauffeur alimente la chaudière en combustibles (bûches, sciures de bois, etc.).

3. FORMATION - QUALIFICATION

L’emploi est accessible sans qualification.

4. ACTIVITE PRINCIPALE

4.1. LIEUX D'ACTIVITE

Le bain maure ou hammam comprend un vestiaire de déshabillage et trois salles de températures de plus en plus élevées. La première a une température légèrement plus élevée que celle de la salle de déshabillage. La dernière, la plus chaude, est surchargée d’humidité avec une température variant de 40 à 60°C.Elle contient une grande cuve en béton remplie d’eau chaude (borma). Il y a deux types de hammams : des hammams exclusivement pour femmes ou pour hommes et des hammams recevant alternativement les deux sexes.

4.2. DESCRIPTION DE L'ACTIVITE

  • Nettoyer l’endroit où le client désire s’installer.
  • Remplir les seaux d’eau à la température désirée par le client
  • Masser et laver les clients
  • Respecter un rituel précis où vont alterner sudation, application de savon noir, rinçage à l’eau, massage puis gommage avec un gant de crin.
  • Le gommage consiste à frotter, à racler et à récurer vigoureusement tout le corps pour éliminer les peaux mortes ; cela peut durer 45 min.
  • Appliquer le henné et/ou le ghassoul au niveau du corps et des cheveux.
  • Nettoyer les locaux deux fois par jour à l’ouverture et à la fermeture du hammam et faire le grand ménage une fois par semaine (eau de javel, acide chlorhydrique, etc.).

4.3. MACHINES ET OUTILS UTILISES

  • Seaux

  • Raclettes, serpillières et balais
  • Gant de crin
  • Chaudière traditionnelle

4.4. PRODUITS ET MATERIAUX UTILISES

  • Savons et shampoing apportés par les clients

  • Savon noir pour faciliter le gommage
  • Ghassoul : argile cosmétique mélangée à de l’eau florale de rose ou de jasmin pour assouplir la peau
  • Henné : teinture pour les cheveux produisant des teintes allant du jaune au rouge foncé, cosmétique pour la peau avec des vertus antifongiques.
  • Produits désinfectants pour le nettoyage et l’entretien du bain maure (eau de javel, acide chlorhydrique).
  • Source d’énergie : bois, gaz, déchets de tournesols.

4.5. PUBLIC ET RELATIONS SOCIALES

  • Travail polyvalent au sein d’une équipe.

  • Relation avec les clients.

4.6. EXIGENCES PARTICULIERES

  • Avoir la capacité physique d’effectuer les tâches répétitives et le port de charge, postures contraignantes, hypersollicitation des articulations des membres et du rachis.

  • Travailler dans une ambiance chaude et humide et supporter des changements brusques de température.
  • Supporter psychologiquement des conditions de travail difficiles avec des clients souvent exigeants

4.7. TRAVAILLEURS HANDICAPES

  • L’emploi peut être accessible à des travailleurs présentant certains types d’handicaps (troubles de langage voir mutité).

  • Emploi incompatible avec certaines pathologies rachidiennes, ostéo-articulaires chroniques, cardiorespiratoires, métaboliques (diabète).

5. ACTIVITES POUVANT ÊTRE ASSOCIEES

  • Vente aux clients du bain de produits d’hygiène corporelle (henné, savon, champoing, gants de crin, brosse à cheveux, rasoirs, etc.)
  • et de boissons (eau, limonade)

6. DANGERS

6.1. ACCIDENTS DU TRAVAIL

  • Brûlures

  • Chutes par glissades
  • Morsures de rats
  • Incendies

6.2. AMBIANCE ET CONTRAINTES PHYSIQUES

  • Nuisances thermiques : travail dans une ambiance chaude et humide non réglable et fluctuante avec parfois une surchauffe des salles de bains pouvant être suivie d’un brusque refroidissement.

  • Éclairage insuffisant : électrique le soir et naturel le jour par des petites ouvertures vitrées situées au niveau du plafond, la vapeur accentue l’obscurité.
  • Manutention et port de charge (seaux remplis d’eau pesant en moyenne une vingtaine de kilogrammes).
  • Contraintes posturales et gestes répétitifs pour masser et laver les clients (hypersollicitation des membres supérieurs et du rachis).
  • Odeurs incommodantes (sueurs des clients, égouts)

6.3. AGENTS CHIMIQUES

  • Produits de nettoyage et d’entretien (eau de javel, acide chlorhydrique, etc.)

  • Produits de toilette et capillaires (savons, shampooings, produits de défrisage, de coloration, etc.).
  • Fumées, gaz et poussières : chauffage des bains maures par du bois et des produits d’emballage en carton et en papier.

6.4. AGENTS BIOLOGIQUES

  • Clostridium tetani (tétanos par effraction cutanée et contact avec du matériel souillés).

  • Leptospira interrogans (leptospirose par contact direct avec l’eau, ou les aliments souillés par les urines des animaux rongeurs).
  • Mycobacterium tuberculosis bovis (tuberculose).
  • Candida albican, dermatophyte (mycoses onychyomcoses par macération).
  • Virus des hépatites (A, B, C, D et E)
  • Tréponema pallidum (syphilis).

6.5. CONTRAINTES ORGANISATIONNELLES ET RELATIONNELLES

  • Travail posté par équipe alternante un jour sur deux de cinq heures du matin à minuit.

  • Pas de congé hebdomadaire ni annuel en dehors du jour de la fête du mouton
  • Travail continu et repas pris sur les lieux de travail.
  • Conditions d’hygiène défectueuses.
  • Cadence et rythme de travail dépendent du taux de fréquentation du bain (200 à 600 personnes par jour) variable en fonction des jours de la semaine, des périodes de l’année et des fêtes
  • Masseurs payés à l’acte par les clients.
  • Certains personnels logent dans la salle de repos de l’établissement.

7. RISQUES POUR LA SANTE

7.1. MALADIES PROFESSIONNELLES (tableaux marocains)

  • Tableau n°7 : tétanos professionnel
  • Tableau n°14 : leptospirose
  • Tableau n°31 : affections professionnelles dues aux bacilles tuberculeux.
  • Tableau n°37: intoxications professionnelles par l'oxyde de carbone.
  • Tableau n°39 : hépatites virales professionnelles.
  • Tableau n°42: affections respiratoires de mécanisme allergique.
  • Tableau n°59: affections péri-articulaires provoquées par certains gestes et postures de travail.
  • Tableau n°61 : affections provoquées par les enzymes
  • Tableau n°62 : lésions eczématiformes de mécanisme allergique.
  • Tableau n°71 : péri-onyxis et onyxis.
  • Tableau n°73: mycoses cutanées.
  • Tableau 78 : kératoconjonctivites virales.
  • La syphilis est réparée au titre des accidents de travail.

7.2. AUTRES RISQUES

  • Infections respiratoires et/ou ORL à répétition (angine, pharyngite, rhinite, épistaxis à répétition, sinusite, bronchite, asthme, tuberculose pulmonaire, etc.) dues à de fréquents changements brusques de température lors des passages de l’ambiance chaude des salles de bain à l’ambiance froides de la salle de repos et vice-versa).

  • Insuffisance veineuse.
  • Pathologies digestives : parasitisme intestinal.
  • Infections gynécologiques (vulvo-vaginites, syphilis) et urinaires.
  • Pathologie musculo-squelettique (lombalgie, cervicalgie).
  • Troubles neurologiques (céphalées, insomnie, et irritabilité)
  • Atteintes oculaires (conjonctivites allergiques, irritatives ou infectieuses et blépharites).

8. SURVEILLANCE MEDICALE

Le personnel des bains maures ne fait actuellement l’objet d’aucune protection médicale bien qu’il y soit assujetti. Une surveillance médicale renforcée est nécessaire pour ces travailleurs exposés à de nombreux risques.

8.1. VISITE MEDICALE

  • Visite d’embauche et visite médical périodique sont obligatoires.
  • L’examen clinique doit rechercher : des affections dermatologiques, respiratoires, urinaires, cardio-vasculaires, musculo-squelettiques et infectieuses.

8.2. EXAMENS COMPLEMENTAIRES

  • Radiographie pulmonaire

  • Bilan biologique à la recherche d’une pathologie infectieuse

8.3. VACCINATIONS

  • Mise à jour des vaccinations (diphtérie, tétanos, poliomyélite) avec un rappel tous les dix ans.
  • Vaccination anti-hépatite virale B, antipneumococcique, antigrippale, anti-leptospirose ictéro-hémorragique et anti-typhique

8.4. SUIVI POST-PROFESSIONNEL

En fonction des risques dépistés, un suivi post professionnel devra être réalisé.

8.5. DOSSIER MEDICAL

Il est exigé par la réglementation

9. NUISANCES POUR L'ENVIRONNEMENT EXTERIEUR

Emission de fumées par les chauffages de bains maures (pollution atmosphérique par la combustion des produits en matière plastique, sciures de bois, etc.).

10. ACTIONS PREVENTIVES

Les conditions de travail dans les bains maures sont difficiles et leur personnel ignore les questions relatives à la sécurité et à la santé au travail. Des services de santé au travail doivent être créés au niveau des bureaux municipaux d’hygiène.

10.1. INDICATEURS D'AMBIANCE ET METROLOGIE

  • Prélèvements atmosphériques (vapeurs et gaz).

  • Ambiance thermique: mesurage à l'aide d'un thermomètre, d'un thermo-hygromètre.
  • Manutention : analyse de la manutention manuelle aux postes de travail.

L'employeur est tenu par la réglementation de prendre les mesures adéquates pour réduire les nuisances et les risques professionnels

10.2. PREVENTION COLLECTIVE

  • Respect de la législation en matière d'horaires de travail et de port de charge
  • Respect des règles de sécurité et d'hygiène
    • Bien aménager et traiter les puits.
    • Séparer le système de chauffage de l’eau de celui des sols pour maintenir une ambiance thermique constante et contrôlable.
    • Protection contre les chutes (sol anti dérapant).
    • Remplacer les toilettes turques ou les recouvrir pour empêcher la sortie des rats.
    • Locaux propres et bien entretenus
    • Nettoyage biquotidien (sols, murs, seaux et toilettes) à grand eau avec l’eau de javel.
    • Désinfection, désinsectisation et dératisation
    • Amélioration de l’aération et l’éclairage
    • Installations des sanitaires (WC, lavabo, douches) réservé au personnel
    • Interdiction de boire, de fumer et de manger sur les lieux de travail (réfectoire à proximité)
    • Outils de travail de bonne qualité, extincteurs de feu
    • Mise à disposition de boissons fraîches
  • Ergonomie des postes et de l'organisation du travail
    • Aménagement des postes et de la durée de travail (la durée du travail continue dans les conditions de chaleur et d’humidité ne devrait pas dépasser 3 à 4 heures).
    • Lutte contre les mauvaises postures et aide à la manutention.
  • Lutte contre la pollution environnementale
    • Utilisation de chaudières améliorées avec foyer de combustion incorporée et isolation thermique ou de chauffe-eau solaire
    • Modifier la hauteur des cheminées qui doit dépasser de 2 mètres le point culminant de voisinage se trouvant dans un diamètre de 100 mètres.
    • Traitements et contrôles microbiologiques réguliers au moins deux fois par an des eaux et des sols par les bureaux municipaux d’hygiène
  • Mise en place d'une procédure d'urgence en cas d'accidents et présence d'une trousse d'urgence.

10.3. PREVENTION INDIVIDUELLE

  • Gants adaptés lors de l’utilisation des produits désinfectants (entretien de l’établissement).

  • Chaussures /bottes antidérapantes.
  • Lavage des mains avant et après le massage de chaque client.

10.4. FORMATION - INFORMATION - SENSIBILISATION

  • L’information et l’éducation sanitaire des responsables, du grand public et du personnel du bain maure est nécessaire :
  • organiser des campagnes de sensibilisation
    • sur les risques encourus,
    • les maladies professionnelles
    • et les règles d’hygiène et de sécurité au travail (formation à l’utilisation des équipements de protection individuelle, à la sécurité incendie, à l’hygiène alimentaire, corporelle, des locaux et de vie, etc.)

11. REGLEMENTATION

11.1. TEXTES LEGISLATIFS ET REGLEMENTAIRES

  • Le titre IV du livre II de la loi n°65-99 relative au code du travail traite de l‘hygiène et de la sécurité des salariés, des services médicaux du travail et des comités d’hygiène et de sécurité
  • L’arrêté  n° 93-08 du ministre de l’emploi relatif à l'application des principes énoncés par les articles de 281 à 291 du code de travail précise un certain nombre de mesures se rapportant à :
    • l’aménagement des locaux de travail.
    • la préservation de l'hygiène et de la sécurité des salariés dans les locaux du travail.
    • l’ambiance des locaux du travail : aération, chauffage, éclairage des locaux du travail et la prévention contre les risques dus au bruit.
    • les locaux réservés aux repas.
    • la prévention contre les incendies.
    • la prévention des accidents du travail.
  • Décret n° 2931 du 29 avril 1993 fixant les conditions d'application du régime de sécurité sociale aux salariés travaillant dans les entreprises artisanales.

11.2. RECOMMANDATIONS

11.3. NORMES

  • NM (Normes marocaines) .4.001-1993 : protection contre les agents physiques, chimiques et biologiques
  • NM 00.5.800 et 801-2001 : système de management de santé et de sécurité au travail
  • NM 03.2.103 : précisant le contenu et le plan type des fiches de données de sécurité pour tous les produits toxiques.

11.4. CONVENTIONS COLLECTIVES

12. BIBLIOGRAPHIE

  • Benyahya M Droit de l’artisanat. Publication de REMALD, série « textes et documents » n°207,2008 ; 263-272
  • Laraqui CH. Sécurité et santé au travail en milieu artisanal au Maroc. Thèse de Doctorat en sciences de la vie et de la santé – spécialité sciences du travail. Université Louis pasteur, Strasbourg, 2001 ; 504 p
  • Ouaffak A, Zellou B, Zaim M. Lyagoubi. Flore fongique pathogène des bains maures de Rabat (Maroc). JMM-03-2001-13-1-1156-5233-101019-ART3.
  • Laraqui C.H., Caubet A, Laraqui O, Belamallem I, Harourate K, Curtes J.P, Verger C. Le travail de l'enfant dans l'artisanat marocain : déterminants et effets sur la santé. Santé publique, volume 12, n° 1, 2000 : 31-43
  • Laraqui C.H, Caubet A, Benghalem A, Laraqui O, Zahrathaddi A, Curtes JP, Verger C. Hygiène, conditions de travail et risques professionnels dans les bains maures "Hammams" à Marrakech. Cahiers d’Etudes et de Recherches Francophones/Santé, 2000 ; 10 : 19-26
  • Laraqui CH, Caubet A, Harourate Kh, Belamallem I, Laraqui O, Verger Ch. Risques professionnels dans le secteur artisanal marocain et proposition d’une couverture médicale du travail. Sante Publique 1999 ; 11 ; 3 : 317-27.
  • Arrêté municipal permanent du 22 septembre 1997 relatif aux conditions d'hygiène pour les bains maures. Marrakech, Maroc.
  • Rhazi Filali F, Zaid A, Zehhouni M. Contamination bactérienne des bains traditionnels publics. Objectif médical, spécial Maroc, Casablanca, 1996 : 6-12.
  • Skalli A. Enquête sur la flore fongique des sols de 14 «Hammams» de Casablanca : contribution à la connaissance de l'épidémiologie des épidermomycoses au Maroc. Thèse Médecine, Casablanca, 1987 ; 72 p.
  • ROME Les fiches métiers. D1203 : hydrothérapie (Pôle emploi) (2009)
  • Classification Internationale Type des professions (CITP-08) : 5329 Personnel soignant et assimilé, non classé ailleurs. (O.I.T.) (2008)

13. ADRESSES UTILES

AUTEURS : Chakib Laraqui (médecin du travail)(Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.), Bouzgarne Mariam (médecin du travail) Nadia Manar (Master en hygiène, sécurité, environnement)(Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.),(Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.), Hmidi Rachid (Médecin du travail) (Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.), Christian Verger (médecin inspecteur du travail)(Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.), Alain Caubet (médecin du travail)(Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.).


DATE DE CREATION : Octobre 2012
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