Fiches de métiers

   Renforcer la culture de la prévention 

 

  L'AFTIM Bossons Futé est une association loi 1901 reconnue d'utilité publique.  

 

 

 

                                                                                                       

Babouchier artisanal (Maroc)

FICHE METIER BOSSONS FUTE N° 357 (Maroc)

ROME : B 1802 CITP-08 : 7318 INSEE :

1. INTITULES SYNONYMES OU APPARENTES

Babouchier, artisan du cuir, maroquinier, artisan fabriquant de babouches en cuir

2. DEFINITION

Le babouchier est un artisan qui fabrique à la main des babouches "belgha" ou "cherbil", sandales ou tongs en cuir, en petites séries et sur mesure.

3. FORMATION - QUALIFICATION

  • Apprentissage sur le tas auprès d'un maitre artisan (4 à 6 ans) et traditionnellement transmission de père en fils ;
  • Centres de formation professionnelle avec alternance études et stages auprès d'un maitre artisan :
    • artisan fabriquant de babouches et de "cherbils", (certificat de spécialisation professionnelle : CSP), durée de formation 1 an - Condition d'accès : fin de la 6ème année primaire ou équivalent
    • Maitre artisan fabriquant de babouches et de cherbils (certificat de qualification professionnelle : CQP), durée de formation 2 ans - Condition d'accès : fin de la 3ème année de collège ou diplôme de spécialisation professionnelle.

4. ACTIVITE PRINCIPALE

4.1. LIEUX D'ACTIVITE

A titre autonome dans un atelier souvent familial ou dans le cadre d’une coopérative au sein d’un complexe artisanal.

4.2. DESCRIPTION DE L'ACTIVITE

Selon le degré d'autonomie et l’importance de l’atelier, l’artisan babouchier est amené à concevoir le produit, organiser et gérer les moyens, acheter la matière première, réaliser la fabrication, assurer la qualité et vendre les produits finis.

La fabrication de la babouche passe par plusieurs étapes :

  • Pour la partie supérieure, l'artisan découpe deux morceaux de cuir triangulaires soit à l'aide d'un gabarit soit à l'emporte-pièce
  • L'artisan rassemble les deux morceaux de cuir triangulaires avec trois fils différents, un fil de nylon doublé d'un fil de soie pour une parfaite adhésion ensuite, un autre fil de soie, le seul apparent. Il pare les bords à l’aide d’un maillet en bois appelé «TKIL» pour les amincir.
  • Maintenues ensemble par triple couture, ces pièces sont attachées à la semelle.
  • Enfin, deux embauchoirs posés l'un sur l'autre et enfoncés au maillet donnent à la babouche sa forme. Les morceaux de cuir dépassant la semelle sont enlevés pour donner à la babouche un aspect esthétique

4.3. MACHINES ET OUTILS UTILISES

Billots, tranchets, ciseaux, maillets en bois, matoirs, alènes « lichfa », jeu d’aiguilles à coudre, spatules, embauchoirs

4.4. PRODUITS ET MATERIAUX UTILISES

  • Cuirs et peaux (veaux, vachettes, agneaux, chèvres), tissus pour doublure, fils et cordages (fil à coudre, fil à broder, fils d'or, fils en soie, fil en nylon)

  • Colles (de vinyle, cellulosique, au néoprène), latex végétal, cire, diluants, solvants, colorants et pigments, cartons de différentes épaisseurs

4.5. PUBLIC ET RELATIONS SOCIALES

Le babouchier est en relation avec :

  • les compagnons, les apprentis et le maître artisan « maalem»,
  • les fournisseurs (cuirs et accessoires),
  • les artisans spécialisés pour certains travaux de décoration comme la broderie sur cuir,
  • les clients : il les accueille, prend les commandes, détermine les besoins, propose des échantillons d’articles, les conseille, estime la quantité de matières nécessaires à la réalisation, évalue les temps et délais d’exécution, estime les coûts de la réalisation et négocie les prix.

4.6. EXIGENCES PARTICULIERES

  • Créativité, précision et dextérité
  • Bonne acuité visuelle de près (perception des formes et des couleurs)
  • Sens de l'observation, de l'esthétique et du détail
  • Necessité de supporter les contraintes posturales
  • capacité à effectuer des gestes fins et répétitifs

4.7. TRAVAILLEURS HANDICAPES

  • Emploi accessible à des travailleurs présentant certains types de handicaps moyennant des adaptations (certaines maladies chroniques, surdité, mutité)

  • Emploi incompatible avec troubles de l’acuité visuelle de près non corrigés et certaines pathologies ostéo-articulaires chroniques.

5. ACTIVITES POUVANT ÊTRE ASSOCIEES

En plus de la conception et la réalisation des babouches, l’artisan doit acheter la matière première, organiser la fabrication, gérer l’atelier ou l’entreprise artisanale et vendre les produits finis. Il doit donc maîtriser tout le processus de production et assurer les fonctions commerciales et de gestion.

6. DANGERS

6.1. ACCIDENTS DU TRAVAIL

  • Coupures, plaies et/ou blessures des mains par du matériel contondant ou piquant lors de la coupure, du parage et de la couture.

6.2. AMBIANCE ET CONTRAINTES PHYSIQUES

  • Ambiances physiques : La lumière dans certains postes peut être insuffisante ou éblouissante. Le bruit engendré par le martelage peut être dérangeant. L’inconfort thermique (chaud en été et froid en hiver) est dû à une mauvaise ventilation et climatisation des ateliers souvent exigus et surchargés.
  • Biomécanique des postes de travail : travail assis, hyper-sollicitation des poignets en rapport avec des gestes répétés et rapides
  • Mauvaise aération et ventilation : odeurs incommodantes et nocives (colle, etc.).

6.3. AGENTS CHIMIQUES

  • Les colorants et les pigments utilisés dans la teinture de cuir, les colles et les poussières de textile et des peaux peuvent être responsables de manifestations respiratoires (asthme, byssinose, rhinite, bronchite chronique) et de manifestations dermatologiques (dermites irritatives ou allergiques). Ces dernières peuvent siéger au niveau des mains par contact direct ou du visage par des substances aéroportées.
  • Les colles et les diluants sont extrêmement inflammables.

6.4. AGENTS BIOLOGIQUES

  • Tétanos (Clostridium tetani) par effraction cutanée et contact avec du matériel souillé.
  • Leptospirose (Leptospira interrogans) par contact direct avec les cuirs souillés par des urines d'animaux;
  • Hépatites virales si outils de travail souillés par le sang d’un porteur sain ou d'une personne malade.

6.5. CONTRAINTES ORGANISATIONNELLES ET RELATIONNELLES

Le maître artisan « maalem » babouchier est le chef d’atelier. Il intervient à tous les niveaux du processus de la fabrication et assure l'organisation et la coordination des travaux. Il contrôle le travail des compagnons et des apprentis. La planification (respect des délais), la gestion, l’organisation et la commercialisation lui reviennent.

Un fabriquant de babouches passe une journée entière à produire une seule paire de babouches, ce qui représente une somme de travail d’environ 10 heures.

7. RISQUES POUR LA SANTE

7.1. MALADIES PROFESSIONNELLES (tableaux marocains)

  • Tableau n° 7 : Tétanos professionnel
  • Tableau n°42 : Affections respiratoires de mécanisme allergique
  • Tableau n° 59 : Affections péri articulaires provoquées par certains gestes et postures de travail
  • Tableau n°62 : Lésions eczématiformes de mécanisme allergique
  • Tableau n° 69 : Affections engendrées par les solvants organiques à usage professionnel

7.2. AUTRES RISQUES

  • Cervicalgies, dorsalgies et lombalgies chroniques
  • Varices des membres inférieurs (travail debout prolongé)
  • Troubles visuels : baisse d’acuité visuelle, fatigue visuelle, larmoiement, photophobie.
  • Troubles auditifs : acouphènes, baisse progressive d’acuité auditive.
  • Troubles gastro-intestinaux et dyspepsie.

8. SURVEILLANCE MEDICALE

Le secteur artisanal marocain ne bénéficie pas de la santé au travail bien qu’il y soit légalement assujetti.

8.1. VISITE MEDICALE

  • Visite d'embauche puis tous les deux ans (périodicité plus importante dans certains cas : exposition au bruit, travailleurs de moins de 18 ans).
  • L’examen recherchera les troubles visuels, auditifs, musculo-squelettiques, respiratoires et veineux.

8.2. EXAMENS COMPLEMENTAIRES

  • Radiographie pulmonaire et spirométrie préalablement à l'affectation puis tous les 2 ans.
  • Acuité visuelle et audiogramme.

8.3. VACCINATIONS

Diphtérie, tétanos, poliomyélite et hépatite B

8.4. SUIVI POST-PROFESSIONNEL

En fonction des risques dépistés, un suivi post professionnel devra être réalisé.

8.5. DOSSIER MEDICAL

Il est exigé par la réglementation

9. NUISANCES POUR L'ENVIRONNEMENT EXTERIEUR

Les poussières de cuir et les vapeurs des colles, des solvants et des diluants contaminent l’entourage de l’atelier et peuvent causer des incendies.

10. ACTIONS PREVENTIVES

10.1. INDICATEURS D'AMBIANCE ET METROLOGIE

  • métrologie des ambiances physiques (sonores, lumineuses et thermiques).
  • prélèvements atmosphériques des vapeurs, gaz et poussières.
  • biomécanique des postes de travail (évaluation des gestes et postures)

L'employeur est tenu par la réglementation de prendre les mesures adéquates pour réduire les nuisances et les risques professionnels

10.2. PREVENTION COLLECTIVE

  • Respecter les mesures d’hygiène et de sécurité au travail (outils de travail propres et bien entretenus, aspirateurs de poussière, extincteurs de feu)
  • Lutte contre le bruit, éclairage satisfaisant,
  • Atelier plus spacieux, aéré, ventilé et ensoleillé,
  • Lutte contre la promiscuité,
  • Récipients avec couvercle

10.3. PREVENTION INDIVIDUELLE

  • Tenue de travail et équipements de protection individuelle adaptés (lunettes de protection, protecteurs individuels contre le bruit, masques anti-poussières et gants hypo allergisants).
  • Sièges ergonomiques confortables pour bien maintenir le rachis en position correcte.

10.4. FORMATION - INFORMATION - SENSIBILISATION

  • Organiser pour les artisans des compagnes de sensibilisation sur les risques encourus, les maladies professionnelles et les règles d’hygiène et de sécurité au travail

  • Les conditions de travail dans le secteur artisanal sont plus dangereuses que celles des grandes entreprises parce que l'artisan ignore les questions relatives à la santé au travail, à la sécurité et n'est pas financièrement capable d'assurer la prévention.

  • Des services médicaux du travail inter-ateliers dans le cadre d'une coopérative peuvent soit regrouper différentes activités artisanales, soit plusieurs ateliers ayant la même activité artisanale. Ces services de santé au travail seront administrés par les chambres d'artisanat et/ou les fédérations et contrôlés par les délégués des artisans et l'inspection du travail. Ils seront gérés par des médecins du travail qui doivent en plus exercer des activités de promotion de santé. Dans les petits ateliers dispersés, la médecine du travail doit être intégrée à un programme national de santé au travail supervisé par le ministère de la santé publique, le ministère de l’emploi et celui de l’artisanat.

11. REGLEMENTATION

11.1. TEXTES LEGISLATIFS ET REGLEMENTAIRES

  • Le titre IV du livre II de la loi n°65-99 relative au code du travail traite de l‘hygiène et de la sécurité des salariés, des services médicaux du travail et des comités d’hygiène et de sécurité
  • L’arrêté  n° 93-08 du ministre de l’emploi relatif à l'application des principes énoncés par les articles de 281 à 291 du code de travail précise un certain nombre de mesures se rapportant à :
    • l’aménagement des locaux de travail.
    • la préservation de l'hygiène et de la sécurité des salariés dans les locaux du travail.
    • l’ambiance des locaux du travail : aération, chauffage, éclairage des locaux du travail et la prévention contre les risques dus au bruit.
    • les locaux réservés aux repas.
    • la prévention contre les incendies.
    • la prévention des accidents du travail.

11.2. RECOMMANDATIONS

11.3. NORMES

  • NM (Normes marocaines) .4.001-1993 : protection contre les agents physiques, chimiques et biologiques
  • NM 00.5.800 et 801-2001 : système de management de santé et de sécurité au travail
  • NM 03.2.103 : précisant le contenu et le plan type des fiches de donnés de sécurité pour tous les produits toxiques.

11.4. CONVENTIONS COLLECTIVES

12. BIBLIOGRAPHIE

  • Benyahya M. Droit de l’artisanat. Publication de REMALD, série « textes et documents » n°207,2008 ; 263-272
  • Laraqui CH. Sécurité et santé au travail en milieu artisanal au Maroc. Thèse de Doctorat en sciences de la vie et de la santé – spécialité sciences du travail. Université Louis pasteur, Strasbourg, 2001 ; 504 p
  • Laraqui C.H., Caubet A, Laraqui O, Belamallem I, Harourate K, Curtes J.P, Verger C. Le travail de l'enfant dans l'artisanat marocain : déterminants et effets sur la santé. Santé publique, volume 12, n° 1, 2000 : 31-43
  • Laraqui CH, Caubet A, Harourate Kh, Belamallem I, Laraqui O, Verger Ch. Risques professionnels dans le secteur artisanal marocain et proposition d’une couverture médicale du travail. Sante Publique 1999 ; 11 ; 3 : 317-27.

13. ADRESSES UTILES

  • Normes marocaines(NM) : Ministère de l’industrie, du commerce et de la mise à niveau de l’économie. Service de normalisation industrielle marocaine

AUTEURS : Rachida El Khabir (médecin du travail (Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.),  Nadia Manar (Master en hygiène, sécurité, environnement)(Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.), Chakib Laraqui (médecin du travail)(Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.), Christian Verger (médecin inspecteur du travail)(Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.), Alain Caubet (médecin du travail)(Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.).


DATE DE CREATION : Octobre 2012
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