Fiches de dangers

   

                  Renforcer la culture de la prévention

                         L'AFTIM Bossons Futé est une association loi 1901 reconnue d'utilité publique.  

 

 

 

                                                                                                       

Travailleurs de plus de 50 ans

FICHE DE RISQUE BOSSONS FUTE N°12

1. INTRODUCTION

  • En France et contrairement à la plupart des autres pays, les travailleurs de plus de 50 ans font l'objet d'une tentative d'exclusion du milieu professionnel qui représente un risque pour les salariés mais aussi pour les entreprises :
    • pour les salariés : perte de confiance, dégradation de l'image de soi, apparition ou majoration de pathologies
    • pour les entreprises : perte de savoir et de savoir-faire, coût des licenciements et des procès

2. PROFESSIONS CONCERNEES

  • Toutes les professions sont concernées.
  • Chez les travailleurs ouvriers, l'exclusion est liée à la pénibilité des postes de travail devenus inadaptés.
  • Dans les professions administratives, elle est justifiée par les changements de technologie.
  • Dans la plupart des cas sont également invoqués le coût du salarié et sa moindre flexibilité.

3. DESCRIPTION - EVALUATION DU RISQUE

Dès la naissance les organismes vieillissent. La barre des 50 ans est dont purement fictive. Toutefois, si on compare un sujet de 20 ans et un sujet de 50 ans, il existe des différences qui portent sur :

  • Les organes sensoriels :
    • La vision s'altère avec apparition de la presbytie vers l'âge moyen de 47 ans.
    • L'ouïe diminue, mais l'atteinte est variable, elle est plus précoce dans les milieux exposés aux bruits lésionnels, que dans les milieux sans exposition sonore où un déficit auditif gênant pour les relations sociales n'apparaît souvent qu'au-delà de 60 voire 70 ans.
  • L'appareil locomoteur : : les articulations s'enraidissent et les tendons se durcissent ; l'arthrose peut d'ailleurs apparaître dès l'âge de 20 ans.
  • L'appareil cardio-vasculaire : les artères se durcissent avec l'âge et la fréquence de l'hypertension et des accidents vasculaires (infarctus du myocarde, hémorragie cérébrale) augmente.
  • La résistance générale de l'organisme :
    • Les cancers, les maladies endocriniennes apparaissent après 50 ans. A noter que ce n'est pas tant l'âge que le mode de vie antérieur qui en favorise l'apparition. La sédentarité, l'obésité, le tabagisme sont des facteurs plus favorisant que l'âge dans l'apparition de ces maladies.
    • Les maladies antérieures peuvent s'aggraver avec l'âge et conduire à une usure prématurée de l'organisme qui dépend plus de contexte socioprofessionnel de la personne que de son âge.
  • La mémoire et la concentration : il est de tradition de dire qu'elle diminue avec l'âge, mais cette diminution alléguée ne tient pas compte des acquis et de phénomène de compensation mis en place tout au long de la vie.
  • les capacités d'adaptation :
    • La résistance aux changements n'est pas le propre des personnes âgées. Ceux-ci peuvent au contraire en être les moteurs, instruites par l'expérience.
    • Elle dépend surtout de la façon dont les changements sont présentés et perçus. La résistance sera d'autant plus forte que le salarié se sentira menacé dans sa personne ou dans sa fonction.
    • Elle sera minorée chez des salariés habitués à changer régulièrement de poste ou de fonction ou qui aura profité de formations tout au long de sa carrière.

4. RISQUES POUVANT ETRE ASSOCIES

  • La présence de seniors dans l'entreprise ne doit pas faire passer de Charybde en Scylla. Plusieurs attitudes sont possibles, toutes porteuses de risques :
    • Dans les entreprises à fortes contraintes physiques, oublier la présence d'une population vieillissante c'est exposer cette population à une augmentation de sa morbidité et confronter l'entreprise à une augmentation de l'absentéisme en rapport. Dans ces entreprises une réflexion sur l'organisation du travail est une rotation sur différents postes sur une période de 42 ans d'activité est une nécessité.
    • Dans le secteur tertiaire l'évolution technologique met des travailleurs présents depuis longtemps dans l'entreprise face à des nouveaux outils (concepts, logiciels, matériel) pour lesquels ils ne sont pas préparés. La remise à niveau sera d'autant plus difficile que ce personnel aura été utilisé pendant de très nombreuses années à des activités de routine et sans aucune formation qualifiante.
    • Dans les activités techniques et intellectuelles les travailleurs ont acquis un savoir-faire qui est souvent nié par l'encadrement, plus jeune et sorti d'écoles plus théoriciennes que concrètes. Cela peut générer des conflits latents.

5. RISQUES POUR LA SANTE

5.1. ACCIDENTS DU TRAVAIL

  • Il ne semble pas que les plus de 50 ans aient une accidentabilité supérieure à la moyenne. Celle-ci est par contre augmentée en cas de nouvel emploi ou chez les intérimaires.

5.2. MALADIES PROFESSIONNELLES

  • Il y a une augmentation des maladies professionnelles après 50 ans car leur apparition est corrélée à la durée d'exposition aux risques. Toutes les maladies sont concernées. Elles ne sont pas liées à l'âge du sujet mais au défaut de mise en place des politiques de prévention dans les années antérieures.

5.3. AUTRES

  • Toutes les pathologies de l'âge dit "mûr" peuvent apparaître :
    • Cancers
    • HTA et maladies cardio-vasculaires, varices et jambes lourdes
    • Troubles endocriniens et/ou métaboliques : diabète, hypercholestérolémie, goutte, hyper ou hypothyroïdies
    • Arthrose, lombalgies et autres troubles musculo-squelettiques

6. SURVEILLANCE MEDICALE

6.1. REGLEMENTAIRE

  • Le suivi médical réglementaire des salariés de plus de 50 ans ne diffère pas de celui des autres salariés.

6.1.1. VISITE MEDICALE

  • Embauche et annuelle

6.1.2. EXAMENS COMPLEMENTAIRES

  • Néant sauf risques spécifiques

6.1.3. VACCINATIONS

  • Néant sauf risques spécifiques

6.2. CONSEILLEE

6.2.1. VISITE MEDICALE

  • Chez les travailleurs de plus de 50 ans il est toujours possible de profiter de la visite médicale annuelle pour :
    • Surveiller la tension artérielle et l'état général
    • S'enquérir de la pénibilité du poste de travail
    • Rappeler la nécessité d'une activité physique et d'une hygiène alimentaire
    • Conseiller des activités extra-professionnelles de socialisation
    • Donner des informations sur les préparations à la retraite

6.2.2. EXAMENS COMPLEMENTAIRES

  • Ils seront prescrits en fonction de l'examen clinique et des risques. Certaines grandes entreprises proposent systématiquement un bilan de santé complet à leurs salariés de plus de 50 ans.
  • Pour les autres, il est toujours possible de passer un bilan de santé complet individuel pris en charge par la caisse d'assurance maladie (à demander à la CPAM de son lieu de domicile).

6.2.3. VACCINATIONS

  • DTPolio tous les 10 ans

6.3. SUIVI POST PROFESSIONNEL

  • Selon les risques

7. ACTIONS PREVENTIVES

  • Les actions préventives vont viser à prévenir le harcèlement ou, à défaut, à le gérer pour en limiter les conséquences.

7.1. PREVENTION TECHNIQUE COLLECTIVE

7.1.1. PREVENTION DES RISQUES PROFESSIONNELS

  • La diminution des risques de sur-morbidité et de surmortalité après 50 ans passe par la prévention précoce des risques professionnels. Par exemple :
    • la captation des nuisances chimiques à la source
    • la mise en place de protections individuelles adaptées
    • la mécanisation de la manutention manuelle
    • des postes de travail ergonomique qui évitent les hypersollicitations musculaires (prise d'information exigeant des hyperextensions du cou, commandes de machines entraînant des extensions ou des rotations forcées des membres)
  • Ces mesures précoces permettent de préparer l'avenir en limitant, voire en supprimant les risques d'apparition de maladies professionnelles dont on sait que certaines sont longues à s'installer mais dont l'effet se fait sentir vers 40 ans-50 ans.

7.1.2. GESTION DES CARRIERES

  • L'organisation du travail doit pouvoir prendre en compte la nécessité d'un travail réparti sur 42 ans d'activité. Il est inimaginable que certains métiers à très fortes contraintes physiques puissent être exercés pendant toute une vie professionnelle. C'est le cas notamment des métiers du BTP, de l'hôtellerie et de la restauration, de la conduite routière, des métiers de porte à porte. Dans ces métiers il est nécessaire de prévoir des formations qui permettront des évolutions de carrières vers des métiers moins physiques ou des reconversions.

7.1.3. ORGANISATION DU TRAVAIL

  • Il est important que les entreprises prévoient la possibilité d'activités extra-professionnelles régulières pour leurs salariés. En effet le caractère particulièrement nocif de certaines formes de travail sur la vie sociale est à prendre en compte :
    • dépassements d'horaire dans l'hôtellerie, la restauration, les artisans, commerçants, professions libérales
    • horaires anarchiques, notamment de la grande distribution, où le personnel cumule des petits salaires (30 heures et parfois moins) sur des amplitudes horaires de 12 heures sur 6 jours et parfois plus, ce qui rend très difficile l'organisation d'une vie extérieure
    • travail de nuit
    • travail en 2 X 8 surtout lorsqu'il n'y a pas de périodicité des rotations ce qui rend la participation à une activité extra-professionnelle très difficile
  • Une des possibilités serait d'avoir des emplois du temps prévus à l'avance et la possibilité de permutation entre collègues pour libérer des jours ou des plages horaires fixes pour du temps personnel.
  • Il est nécessaire aussi de prévoir du personnel en nombre suffisant notamment dans le secteur sanitaire et social pour éviter après une phase d'hyperactivité pour faire face aux tâches une démobilisation psychique du personnel ou une fatigue qui va se traduire par un absentéisme.

7.2. FORMATION - INFORMATION - SENSIBILISATION

  • Elle devrait être double :
    • Les salariés devraient être formés à leur métier et à ses évolutions tout au long de leur vie professionnelle. Or la formation professionnelle en France est actuellement très limitée, surtout pour les ouvriers.
    • Par ailleurs les salariés devraient bénéficier d'une sensibilisation, voire d'une formation aux règles élémentaires d'une l'hygiène de vie saine :
      • alimentation équilibrée riche en légumes et en fruits, limitée en matières grasses
      • activité physique et sportive régulière
      • limitation ou suppression des conduites additives : alcool, tabac, autres drogues
      • vie sociale

7.3. PREVENTION INDIVIDUELLE

  • Elle passe par une large gamme de mesures :
    • Une formation de base la plus haute possible
    • Un parcours professionnel varié ayant permis d'acquérir l'expérience de l'adaptation
    • Des centres d'intérêts autre que le travail (vie familiale, vie associative, sport, loisirs...) qui permettent de limiter l'impact négatif de certaines restructurations
    • Un endettement raisonnable pour éviter les cumuls d'emplois

8. REGLEMENTATION

8.1. TEXTES LEGISLATIFS ET REGLEMENTAIRES

  • Décret n°2003-565 du 27 juin 2003 modifiant le décret n°2002-400 du 25 mars 2002 relatif au contrat initiative-emploi. Peuvent bénéficier de conventions de contrat initiative-emploi, en application de l'article L.322-4-2 du code du travail les personnes âgées de plus de cinquante ans et inscrites comme demandeurs d'emploi depuis au moins douze mois dans les dix-huit derniers mois.
  • Article L5331-2 du Code du travail : Il est interdit de faire publier dans un journal, revue ou écrit périodique ou de diffuser par tout autre moyen de communication accessible au public une insertion d'offres d'emploi ou d'offres de travaux à domicile comportant la mention d'une limite d'âge supérieure exigée du postulant à un emploi. Cette interdiction ne concerne pas les offres qui fixent des conditions d'âge imposées par les dispositions légales.
  • Article R3122-21 du Code du travail : Le médecin du travail informe les travailleurs de nuit, en particulier les femmes enceintes et les travailleurs vieillissants, des incidences potentielles du travail de nuit sur la santé. Cette information tient compte de la spécificité des horaires, fixes ou alternés. Il les conseille sur les précautions éventuelles à prendre.

8.2. RECOMMANDATIONS - NORMES - ETIQUETAGE - SIGNALISATION

  • Selon les métiers exercés et les risques professionnels rencontrés.

9. BIBLIOGRAPHIE

AUTEURS : Pierrette Trilhe (médecin du travail) (CMIE) (75), Nicole Motsch (médecin du travail) (AMETIF) (95)
DATE DE CREATION : Décembre 2003
DERNIERE MISE A JOUR : Février 2004

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