Fiches de métiers

   Renforcer la culture de la prévention 

 

  L'AFTIM Bossons Futé est une association loi 1901 reconnue d'utilité publique.  

 

 

 

                                                                                                       

Charmeur de serpents (Maroc)

FICHE METIER BOSSONS FUTE N°389

ROME : L1204 CITP-08 : 2659  

1. INTITULES SYNONYMES OU APPARENTE

Charmeur de serpents, animateur de spectacle avec des serpents, dresseur de reptiles ou psylles

2. DEFINITION

Le charmeur de serpents aurait un pouvoir magique sur les reptiles. Il impressionne les badauds et les passants en paraissant dicter le comportement des serpents envoûtés et dociles. La prestation comporte le maniement des serpents et des mélodies nécessitant des instruments de musique .

3. FORMATION – QUALIFICATION

La profession, exclusivement masculine, n’exige aucun niveau d’étude. Elle est réservée à certaines familles issues de certaines régions du sud du Maroc. La technique se transmet de père en fils et l’apprentissage se fait sur le terrain par les parents ou les membres de la famille. Les charmeurs auraient hérité d'un pouvoir magique leur permettant d'approcher les reptiles tout en ne craignant pas leurs morsures. Certains se livreraient à la chasse forestière de leurs serpents.

4. ACTIVITE PRINCIPALE

4.1. LIEUX D'ACTIVITE

Cette activité existe notamment dans les pays d'Afrique du nord (Maroc, Mauritanie, Algérie, Tunisie, Egypte) et d'Asie du sud (Inde, Bangladesh, Sri Lanka, etc.)
Ce métier s’exerce à titre autonome dans des souks hebdomadaires, des kermesses (moussemes) et sur des places publiques dont la plus connue est celle de Djemaa Lefna à Marrakech.

4.2. DESCRIPTION DE L'ACTIVITE

Le spectacle se déroule dans une scène en plein air « halka» devant des spectateurs curieux disposés en cercle au centre duquel se trouve les charmeurs de serpents. A proximité d’une caisse contenant des reptiles, ces derniers commencent par jouer de la flûte (nayy) et de la trompète (ghaita) et tout en faisant des pas de danse en tapant du pied de manière rythmique. Après un moment, s'ajoutent les battements des tambours (tbals) et des tambours sur cadre (bendirs).
La boite est alors ouverte et les reptiles se mettent en position verticale défensive dans un ballet dansant. Les charmeurs de serpents continuent à danser en tournoyant avec vélocité autour du panier de jonc contenant des reptiles. Soudain un charmeur de serpents plonge sa main nue dans le panier et en retire un qu’il enroule autour de son cou ou de sa tête comme un turban. Le serpent semble obéir et conserve la position qu’il lui a été donnée. Ensuite le serpent, posé à terre, se met en position verticale et se balance latéralement donnant l'impression de suivre la musique. En fait les serpents, presque sourds, n'entendent pas la mélodie. Ils sont sensibles aux mouvements du corps et de la tête des charmeurs et aux vibrations mécaniques transmises par le sol et par les instruments à vent et à percussion.

4.3. MACHINES ET OUTILS UTILISES

4.3.1 Les instruments de musique

Les instruments les plus couramment utilisés sont ceux de la musique populaire des pays du Maghreb : instruments à vent telles la flûte en bois (nayy) et la trompète orientale (ghaita) et instruments à percussion membranophones tels le tambour (tbal) et le bendir. Les mélodies jouées sont à caractère traditionnel, culturel et spirituel de type "jedba" (permettant de rentrer en transe).

4.4. PRODUITS ET MATERIAUX UTILISES

Serpents (vipères, cobras, couleuvres, etc.)
Mobilier : panier de jonc ou boite en bois pour les reptiles, tapis, parasols, chaises, matériel pour éclairage
Instruments de musique : flûte, trompète, tambour, bendir

4.5. PUBLIC ET RELATIONS SOCIALES

- Travail individuel (one man show) ou de groupe en fonction du type de spectacle
- Au sein du groupe : relation entre les animateurs confirmés (compagnons) et les apprentis
- En dehors du groupe : relation avec les autres animateurs de la place (dresseurs de singes, troubadours, conteurs, humoristes, acrobates, magiciens, cartomanciens, etc.) notamment pour marquer son territoire. Les meilleurs emplacements appartiennent généralement aux premiers installés et peuvent changer d’un jour à l’autre.
- Relation avec le public : art de séduire, d'attirer l'assistance, de la détourner des concurrents et de la satisfaire pour gagner le plus d'argent.

4.6. EXIGENCES PARTICULIERES

• Faire preuve de patience
• Maitriser l'art de l'animation et avoir un sens artistique (musique, théâtre), du contact, de la communication (public) et de la créativité
• Travailler en horaire continu avec de longues durées quotidiennes parfois en équipe
• Habilité physique et dextérité gestuelle
• Connaissance et passion pour les reptiles.

4.7. TRAVAILLEURS HANDICAPES

Métier de scène pouvant être dangereux à cause des reptiles. Il nécessite beaucoup d’attention ; incompatible avec certains handicaps (cécité, certains handicaps moteurs)

5. ACTIVITES POUVANT ETRE ASSOCIEES

- Faire la quête auprès des spectateurs
- Entretenir et nourrir les reptiles
- Pour les animateurs confirmés, gérer le groupe et encadrer les apprentis
- Remplacer les serpents malades ou morts par de nouveaux : chasse forestière ou achat des reptiles
- Savoir retirer régulièrement le venin emmagasiné dans les glandes venimeuses de certaines espèces de serpents.

6. DANGERS

6.1. ACCIDENTS DU TRAVAIL

- Morsures de serpents (parfois mortelle) : risque d’envenimation
- Accidents de la circulation.
- Agressions diverses par le public ou par les animateurs de voisinage pour délimitation du territoire.
- Glissades, chutes de plain-pied, traumatisme par le matériel et les outils utilisés, brûlures par les lampes à pétrole ou à butane utilisées pour l'éclairage.

6.2. AMBIANCES ET CONTRAINTES PHYSIQUES

- Biomécanique du poste : contraintes posturales et articulaires (travail en position debout ou accroupie pendant de longues périodes).
- Ambiances physiques : travail en plein air (rayonnement solaire et intempéries), exposition au bruit des animateurs de voisinage
- Contraintes vocales des animateurs de spectacles
- Risque d’explosions, d’incendies et de brûlures par les lampes individuelles d'éclairage.

6.3. AGENTS CHIMIQUES

Pétrole pour les lampes à pétrole

6.4. AGENTS BIOLOGIQUES

- Zoonoses (maladies transmises du reptile à l'Homme) : bactériennes (salmonellose, tuberculose, aéromonose, campylobactériose, mycobactérioses, yersiniose, klebsiellose, coxiellose ou fièvre Q, pseudomonose, listériose, tularémie, maladie de Lyme, leptospirose), mycosiques, parasitaires (pentastomidose, nematodoses, acarioses, protozooses, cestodoses), virales (togaviridae, flaviviridae) et par morsures (Clostridium tetani)
- Maladies interhumaines : transmission aérienne favorisée par la foule (infection ORL et/ou pulmonaire : grippe, pneumonie virale, bactérienne, tuberculose)
- Venin des serpents

6.5. CONTRAINTES ORGANISATIONNELLES ET RELATIONNELLES

• Le chef de la troupe intervient à toutes les phases du spectacle, assure l'organisation, la coordination et le contrôle des autres compagnons et des apprentis.
• Le travail est caractérisé par un horaire continu avec de longues heures de travail pouvant aller jusqu'à 12 à 14 heures quotidienne, surtout pendant les périodes de vacances. Le travail peut être diurne ou nocturne notamment pendant les jours fériés.
• Le stress est lié à la nécessite de satisfaire les spectateurs pour assurer un gain minimal à la survie de la troupe. Il est aussi dû aux contraintes pour délimiter son territoire au sein d’une place publique disputée par d'autres professionnels du spectacle. Les meilleurs emplacements appartiennent généralement aux premiers installés et peuvent changer d’un jour à l’autre. Les relations avec les autres troupes ne sont pas toujours faciles. Le stress est aussi engendré par les risques de morsures des animateurs et des spectateurs par les reptiles.

7. RISQUES POUR LA SANTE

7.1. MALADIES PROFESSIONNELLES (tableaux marocains)

• Tableau n° 7 : Tétanos professionnel
• Tableau n° 14 : Spirochétoses (à l'exception des tréponématoses)
• Tableau n°26 : Tularémie
• Tableau n° 31 : Affections professionnelles dues aux bacilles tuberculeux
• Tableau n° 33 : surdité provoquée par les bruits lésionnels
• Tableau n° 42 : Affections respiratoires de mécanisme allergique
• Tableau n° 59 : Affections périarticulaires provoquées par certains gestes et postures de travail
• Tableau n° 62 : Lésions eczématiformes de mécanisme allergique
• Tableau n° 77 : Rage professionnelle

7.2. AUTRES RISQUES 

• Pathologies du rachis en rapport avec les contraintes posturales (lombalgies cervicalgies, cyphose de posture).
• Crampes professionnelles ou contractions musculaires réalisant une dystonie focale (cervicale, oromandibulaire, laryngée) notamment chez les joueurs d'instruments de musique.
• Syndrome du défilé thoracique (pour ceux qui utilisent les instruments à vent : flûte).
• Pathologies vasculaires à type de varices
• Pathologies digestives : troubles gastro-intestinaux à type de gastralgie, de diarrhée ou de constipation (absence des règles d’hygiène alimentaires et repas pris sur les lieux de travail).
• Enrouement de la voix.
• Fatigue auditive.
• Déperdition hydrique (transpiration) pouvant entraîner des coliques néphrétiques notamment pendant les périodes chaudes.
• Pathologies en rapport avec le travail en plein air : insolations, coups de chaleur et infections respiratoires, lésions cutanées en rapport avec l’exposition aux UV
• Conduites addictives
• Contraintes psychosociales et organisationnelles : angoisse, stress, fatigue, déplacement fréquent, troubles du sommeil
• Autres zoonoses ne figurant pas dans les tableaux de maladies professionnelles

8. SURVEILLANCE MEDICALE

Les gens du spectacle marocains ne bénéficient pas de la santé au travail bien qu’ils y soient légalement assujettis.

8.1. VISITE MEDICALE

• Visites médicales (embauche, systématiques, spontanées)
• Surveillance médicale renforcée pour les apprentis de moins de 18 ans
• Bilan somatique complet en insistant sur l'état ORL, cardio-vasculaire, respiratoire, visuel, auditif, musculo-squelettique, cutané et psychologique.
• Rechercher les troubles du sommeil et la prise de psychotropes (anxiolytiques, alcool, tabac, autres toxicomanies)

8.2. EXAMENS COMPLEMENTAIRES

• En fonction de l’examen clinique.
• Bilan biologique de base avec un suivi régulier : détecter d’éventuels troubles métaboliques
• ECG d'effort conseillé après 50 ans.
• Radio pulmonaire et spirométrie après 50 ans en cas de tabagisme important

8.3. VACCINATIONS

- Anti-diphtérique, anti-tétanique et anti-poliomyélitique
- Antirabique, anti-typhique.
- BCG
- Antipneumococcique et antigrippal

8.4. SUIVI POST PROFESSIONNEL

En fonction des risques dépistés, un suivi post professionnel devra être réalisé.

8.5. DOSSIER MEDICAL

Exigé par la réglementation.

9. NUISANCES POUR L'ENVIRONNEMENT EXTERIEUR

• Morsure des spectateurs par les reptiles
• Pollution des sols, du matériel, des aliments et des eaux souillés par les reptiles
• Bruit lié à l'animation, manifestations excessives des spectateurs pouvant entraîner du chahut et des phénomènes de foule.
• Promiscuité et concentration des personnes au sein de la place publique avec risque de transmission par voie aérienne de pathologies contagieuses (grippe, tuberculose, etc.).

10. ACTIONS PREVENTIVES

10.1. INDICATEURS D'AMBIANCE ET METROLOGIE

Ergonomie du poste de travail

10.2. PREVENTION COLLECTIVE

• Couverture médicale des charmeurs de serpents par des services de santé au travail
• Respect de la législation en matière d'horaires de travail
• Procédure d'urgence en cas d'accident avec trousse d'urgence
• Eclairage adapté la nuit
• Mesure d’hygiène pour les animateurs et surveillance vétérinaire des reptiles
• Boîtiers sécurisés pour les serpents
• Ergonomie des postes et parasols pour réduire l'exposition au soleil et aux intempéries

10.3. PREVENTION INDIVIDUELLE

• Utilisation de crèmes cutanées protectrices pour les parties découvertes
• Hygiène de vie : douche et lavage des mains fréquents, repas réguliers et loin des reptiles.
• Lutter contre les conduites addictives
• Lutter contre les zoonoses :
- laver systématiquement les mains au savon antibactérien pendant au moins 30 secondes après avoir manipulé un reptile ou touché un accessoire de son vivarium.
- ne pas installer de vivarium dans une pièce destinée à la prise des repas ou au stockage des aliments (cuisine).
- désinfecter régulièrement à l’eau de Javel le vivarium (mettre des gants à usage unique, un masque de protection et utiliser des ustensiles réservés à cet effet).
- ne pas manger, boire ou fumer pendant que l’on manipule un reptile ou que l’on nettoie son terrarium.
- déconseiller les manipulations aux jeunes enfants, femmes enceintes et autres sujets immunodéprimés.
- éviter les contacts directs entre des reptiles et d'autres animaux vivant sous le même toit.
- désinfecter et surveiller une plaie par morsure occasionnée par un reptile et demander l'avis du médecin

10.4. FORMATION - INFORMATION – SENSIBILISATION

- Dans ce secteur, les conditions de travail sont dangereuses et les charmeurs de serpents ignorent les questions relatives à l'hygiène, à la santé au travail, à la sécurité et ne sont pas financièrement capables d'assurer la prévention.
- Former et informer le charmeur de serpent aux risques et aux procédures à mettre en place (en cas de morsures, d'infection, etc.)
- Informer le charmeur de serpent sur les maladies professionnelles, sur les salmonelloses et sur les zoonoses.
- Sensibiliser sur l'importance de la scolarisation des enfants apprentis

11. REGLEMENTATION

11.1. TEXTES LEGISLATIFS ET REGLEMENTAIRES

- Le titre IV du livre II de la loi n°65-99 relative au code du travail traite de l‘hygiène et de la sécurité des salariés, des services médicaux du travail et des comités d’hygiène et de sécurité
- Décret n° 2-04-465 du 29 décembre 2004 interdit d'employer des mineurs de moins de 18 ans comme comédien ou interprète dans les spectacles publics, sans autorisation écrite de l'inspecteur du travail et après consultation du tuteur . Bulletin officiel, 2005-01-06, n° 5280, p. 19

11.2. RECOMMANDATIONS

11.3. NORMES

11.4. CONVENTIONS COLLECTIVES

12. BIBLIOGRAPHIE

• Loury R. Salmonelle bébé ou reptile, il faut choisir. Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH), janvier 2014. Institut de veille sanitaire (InVS)
• Tebbaa O. Le patrimoine de la place Jemaa El Fna de Marrakech : entre le matériel et l’immatériel. Uaderns de la Mediterranie 2010 ; 13 : 51-58
• fiche Rome L1204-arts du cirque et arts visuels (artiste de rue).

13. ADRESSES UTILES

• Centre antipoison et de pharmacovigilance du Maroc, Rabat, Rue Lamfedel Cherkaoui, Rabat Instituts, Madinate Al Irfane, B.P. 6671, 10100, Rabat. Tel.: +212 5 37 77 71 85. http://www.capm.ma/
• Institut Pasteur du Maroc : www.pasteur.ma
http://www.bossons-fute.fr

REDACTION

  • AUTEURS : Chakib Laraqui (médecin du travail) (Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.), Thomas Gouyet (médecin du travail) (Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.), Jalal Khairi (médecin du travail) (Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.), Alain Caubet (médecin du travail) (Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.), Nadia Manar (Master en hygiène, sécurité, environnement) (Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.)
  • DATE DE CREATION : Juillet 2014
  • RELECTEURS :
  • DATE DE MISE A JOUR :

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