Fiches de métiers

   

                  Renforcer la culture de la prévention

                         L'AFTIM Bossons Futé est une association loi 1901 reconnue d'utilité publique.  

 

 

 

                                                                                                       

Peintre artisanal tadelakt (maroc)

FICHE METIER BOSSONS FUTE N° 368

ROME : F1606 CITP-08 :7131 INSEE :

1. INTITULES SYNONYMES OU APPARENTES

Peintre décorateur, stucateur.

2. DEFINITION

L’artisan peintre tadelakt travaille un enduit à la chaux, teinté dans la masse, brillant et imperméable qui peut être utilisé pour le revêtement des murs intérieurs et extérieurs. Le tadelakt se compose d’un mélange de chaux de Marrakech, de pigments naturels de différentes couleurs, de savon noir et d’eau.
Pour sa résistance à l’eau, le tadelakt a été traditionnellement utilisé pour le revêtement des surfaces (murs et plafonds) des bains maures. Pour son esthétique et ses qualités d’isolation thermique, il est actuellement utilisé dans les demeures.

3. FORMATION - QUALIFICATION

  • Apprentissage sur le tas auprès d’un maître artisan « mâalem » (4 à 6 ans)

  • Centres de formation professionnelle avec alternance études et stages auprès d’un maître artisan :
    • artisan en tadelakt (certificat de spécialisation professionnelle : CSP) : durée  formation : 1an - condition d’accès : fin de la 6° année primaire ou équivalent,
    • maître artisan en tadelakt (certificat de qualification professionnelle : CQP) : durée de formation : 2 ans - condition d’accès : fin de la 3ème année du collège ou certificat de spécialisation professionnelle.

4. ACTIVITE PRINCIPALE

4.1. LIEUX D'ACTIVITE

L’artisan tadelakt travaille à titre autonome épaulé par un, deux ou plusieurs compagnons ou apprentis appartenant à la même famille ou la même région. L’activité s’effectue chez le client à l’intérieur ou à l’extérieur d’un bâtiment.

4.2. DESCRIPTION DE L'ACTIVITE

  • Préparation des échafaudages
  • Préparation des surfaces à enduire : rugueuses et sans fissures
  • Préparation de l’enduit : mélange de chaux, de pigments et d’eau qu’on laisse reposer pendant 24 heures
  • Application de l’enduit sur les surfaces à l’aide d’une truelle et son lissage par une taloche
  • Polissage de l’enduit à l’aide d’un galet en frottant la surface par des gestes circulaires.
  • 24 heures après, un deuxième polissage est réalisé avec un galet et un mélange de savon noir et d’eau, ce qui permettra la dureté et l’imperméabilité de tadelakt.
  • Après quelques semaines de séchage à l’air libre, les surfaces sont cirées (cire blanche naturelle) à l’aide d’un chiffon doux, ce qui donnera un aspect brillant.
  • Nettoyage du chantier et des équipements et outillage

4.3. MACHINES ET OUTILS UTILISES

Taloches, truelles, galets, seaux, palettes en plastique, cuvettes, piquets, cordeaux, escabeaux, échelles et échafaudages, etc.

4.4. PRODUITS ET MATERIAUX UTILISES

Chaux de Marrakech, pigments naturels, savon noir, poudre de marbre, cire naturelle.

4.5. PUBLIC ET RELATIONS SOCIALES

  • Travail polyvalent et autonome (s’approvisionner en matière première, concevoir et organiser le travail, assurer l’exécution et contrôler la qualité)

  • Relation avec les clients, les autres artisans, les apprentis, le maître artisan «maalem»
  • Relation avec les autres corps du métier (électriciens, maçons, plombiers), les fournisseurs, les maîtres d’œuvres, les architectes, les décorateurs, etc

4.6. EXIGENCES PARTICULIERES

  • Sens artistique et de l’esthétique
  • Contraintes physiques : manutention, station debout prolongée et travail en hauteur
  • Contraintes posturales et mécaniques : postures diverses, précision du geste
  • Horaire de travail continu et durée quotidienne de travail dépassant souvent les 8 heures
  • Travail à tâche souvent au mètre carré avec des délais à respecter

4.7. TRAVAILLEURS HANDICAPES

  • Le travail est accessible aux personnes porteuses de surdi-mutité.
  • La malvoyance, les troubles rachidiens et/ou ostéo-articulaires, les allergies respiratoires et/ou cutanées peuvent dans certains cas motiver une inaptitude.

5. ACTIVITES POUVANT ETRE ASSOCIEES

Le maître artisan doit maîtriser tout le processus du travail et le contrôle de qualité. Il encadre les autres artisans et coordonne les activités de son équipe. Enfin, il doit assurer les fonctions commerciales et de gestion (devis, commande, courrier), négocier les prix et les délais d’exécution.

6. DANGERS

6.1. ACCIDENTS DU TRAVAIL

  • Coupures, plaies des mains ou des autres parties du corps par des outils tranchants et contondants
  • Chutes de plain-pied ou de hauteur, traumatisme par chute d'objets ou de pierres (fractures, écrasements, contusions, etc.)
  • Accidents ostéo-articulaires aigus (cervicalgies, dorsalgies ou lombalgies)
  • Projections oculaires de corps étrangers
  • Electrisation si contact avec une prise ou un fil endommagé

6.2. AMBIANCES ET CONTRAINTES PHYSIQUES

  • Biomécanique du poste :
    • contraintes posturales et articulaires (travail en position couchée, accroupie, penchée ou debout bras au dessus de la tête),
    • gestes répétitifs
    • manutention et port de charges lourdes.
  • Ambiances physiques :
    • expositions à l’empoussièrement et à l’humidité
    • inconfort thermique
    • bruit lié aux autres corps de métier au niveau des chantiers (maçons, plombiers, électriciens, etc.)

6.3. AGENTS CHIMIQUES

Chaux et pigments

6.4. AGENTS BIOLOGIQUES

  • Clostridium tetani (tétanos) par effraction cutanée et contact avec la terre ou du matériel souillés.

  • Mycoses, onychomycoses par macération
  • Surinfection des plaies
  • Leptospirose par contact direct avec l’eau, la terre ou les aliments souillés par les urines des animaux rongeurs
  • Hépatites virales si outils de travail souillés par le sang d’un porteur sain ou d’une personne malade.

6.5. CONTRAINTES ORGANISATIONNELLES ET RELATIONNELLES

  • Le maître artisan plâtrier est le chef d’atelier. Ses tâches sont nombreux ; il intervient à tous les niveaux de l’exécution du travail, assure l'organisation et la coordination des travaux et contrôle le travail des compagnons et des apprentis. La planification (respect des délais), la gestion et l’organisation lui reviennent. Il doit coordonner ses activités avec de nombreux corps de métier (maçons, plombiers, électriciens, menuisiers, etc.).
  • Pour les autres artisans, le travail est caractérisé par un horaire continu, un contrôle de la hiérarchie, la rémunération au rendement, des heures supplémentaires pour respecter les délais de livraison et des longs séjours dans des chantiers parfois éloignés du domicile (dans d’autres villes).

7. RISQUES POUR LA SANTE

7.1. MALADIES PROFESSIONNELLES (Tableaux marocains)

  • Tableau n° 42 : affections respiratoires de mécanisme allergique
  • Tableau n° 59 : affections périarticulaires provoquées par certains gestes et postures de travail
  • Tableau n° 62 : lésions eczématiformes de mécanisme allergique
  • Tableau n° 72 : périonyxis et onyxis
  • Tableau n°73 : mycoses cutanées
  • Tableau n °84 : lésions chroniques de ménisque

7.2. AUTRES MALADIES LIEES A L'ACTIVITE PROFESSIONNELLE

  • Pathologies digestives : troubles gastro-intestinaux à type d’épigastralgie, de diarrhée ou de constipation (absence des règles d’hygiène élémentaires et repas pris au sein du chantier)
  • Pathologies vasculaires à type de varices (position debout prolongée)
  • Pathologies du rachis (port de charges lourdes, contraintes posturales)

8. SURVEILLANCE MEDICALE

Le secteur artisanal marocain ne bénéficie d’aucune couverture médicale du travail bien qu’il y soit assujetti.

8.1. VISITE MEDICALE

  • Visite d'embauche puis tous les deux ans (périodicité plus importante dans certains cas : travailleurs de moins de 18 ans).
  • L’examen recherchera les manifestations dermatologiques et musculo-squelettiques ; les troubles visuels, auditifs, respiratoires et cardiovasculaires.

8.2. EXAMENS COMPLEMENTAIRES

  • Radiographie pulmonaire et spirométrie préalablement à l'affectation puis tous les 2 ans.
  • Acuité visuelle et audiogramme.

8.3. VACCINATIONS

  • Mise à jour des vaccinations (diphtérie, tétanos, poliomyélite) avec un rappel tous les dix ans.
  • Vaccination anti-hépatite virale B
  • Vaccin antigrippal et anti-pneumococcique

8.4. SUIVI POST PROFESSIONNEL

En fonction des risques dépistés, un suivi post professionnel devra être réalisé.

8.5. DOSSIER MEDICAL

Exigé par la réglementation

9. NUISANCES POUR L'ENVIRONNEMENT EXTERIEUR

Emissions de poussières lors de la préparation du support

10. ACTIONS PREVENTIVES

10.1. INDICATEURS D'AMBIANCE ET METROLOGIE

  • Prélèvement d’atmosphère et analyses des poussières.
  • Biomécanique des postes de travail

10.2. PREVENTION COLLECTIVE

  • Respect de la législation en matière d’horaires, de durée de travail et de port de charge
  • Respect des règles de sécurité et d’hygiène
    • Locaux propres et bien entretenus
    • Casier pour rangement des vêtements de ville
    • Installations sanitaires (WC, lavabo, douches)
    • Interdiction de boire, de fumer et de manger dans les ateliers (réfectoire sur le lieu de travail ou à proximité)
    • Protections contre les chutes (sol antidérapant et systèmes anti-chutes)
    • Outils de travail plus légers
  • Ergonomie de l'organisation et des postes de travail
    • Adaptation des plans de travail, lutte contre les mauvaises positions, mécanisation de certaines tâches pénibles
    • Eclairage et ventilation adaptés des ateliers
  • Lutte contre la pollution environnementale
    • Aspiration des poussières
    • Gestion des déchets
  • Procédure d’urgence en cas d’accident et trousse d’urgence sur le chantier

10.3. PREVENTION INDIVIDUELLE

Equipements de protection individuelle adaptés : tenue de travail, chaussures ou bottes de sécurité antidérapantes et anti-perforantes, lunettes de protection, masques ant-ipoussières, gants, crèmes de protection cutanée.

10.4. FORMATION - INFORMATION - SENSIBILISATION

  • Organiser pour les artisans des compagnes de sensibilisation sur les risques encourus, les maladies professionnelles et les règles d’hygiène et de sécurité au travail : formation à l'utilisation des équipements de protection individuelle, à la sécurité incendie et à l'hygiène alimentaire, corporelle, des locaux et de vie, etc.

  • Les conditions de travail dans le secteur artisanal sont plus dangereuses que celles des grandes entreprises parce que l'artisan ignore les questions relatives à la santé au travail, à la sécurité et n'est pas financièrement capable d'assurer la prévention.

  • Des services médicaux du travail inter-ateliers dans le cadre d'une coopérative doivent être crées et peuvent soit regrouper différentes activités artisanales, soit plusieurs ateliers ayant la même activité artisanale. Ces services de santé au travail seront administrés par les chambres d'artisanat et/ou les fédérations et contrôlés par les délégués des artisans et l'inspection du travail. Ils seront gérés par des médecins du travail qui doivent en plus exercer des activités de promotion de santé combien utiles dans un pays où les infrastructures sanitaires sont défaillantes. Dans les petits ateliers dispersés, la médecine du travail doit être intégrée à un programme national de santé au travail supervisé par le ministère de la santé publique, le ministère de l’emploi et celui de l’artisanat.

11. REGLEMENTATION

11.1. TEXTES LEGISLATIFS ET REGLEMENTAIRES

  • Tiitre IV du livre II de la loi n°65-99 relative au code du travail traite de l‘hygiène et de la sécurité des salariés, des services médicaux du travail et des comités d’hygiène et de sécurité
  • Arrêté  n° 93-08 du ministre de l’emploi relatif à l'application des principes énoncés par les articles de 281 à 291 du code de travail précise un certain nombre de mesures se rapportant à :
    • l’aménagement des locaux de travail
    • la préservation de l'hygiène et de la sécurité des salariés dans les locaux du travail
    • l’ambiance des locaux du travail : aération, chauffage, éclairage des locaux du travail et la prévention contre les risques dus au bruit
    • les locaux réservés aux repas
    • la prévention contre les incendies
    • la prévention des accidents du travail
  • Décret n°2931du 29 Avril 1993 fixant les conditions d’application du régime de sécurité sociales aux salariés travaillant dans les entreprises artisanales

11.2. RECOMMANDATIONS

11.3. NORMES

  • NM 00.5.800 et 801-2001 : système de management de santé et de sécurité au travail
  • Normes marocaines (NM) 4.001-1993 : protection contre les agents physiques, chimiques et biologiques

11.4. CONVENTIONS COLLECTIVES

12. BIBLIOGRAPHIE

  • Benyahya M. Droit de l’artisanat. Publication de REMALD, série « textes et documents » n°207,2008 ; 263-272
  • Laraqui CH. Sécurité et santé au travail en milieu artisanal au Maroc. Thèse de Doctorat en sciences de la vie et de la santé – spécialité sciences du travail. Université Louis pasteur, Strasbourg, 2001 ; 504 p
  • Laraqui C.H., Caubet A, Laraqui O, Belamallem I, Harourate K, Curtes J.P, Verger C. Le travail de l'enfant dans l'artisanat marocain : déterminants et effets sur la santé. Santé publique, volume 12, n° 1, 2000 : 31-43
  • Laraqui CH, Caubet A, Harourate Kh, Belamallem I, Laraqui O, Verger Ch. Risques professionnels dans le secteur artisanal marocain et proposition d’une couverture médicale du travail. Sante Publique 1999 ; 11 ; 3 : 317-27.
  • ROME Les fiches métiers. F1606 peintre en bâtiment (Pôle emploi) (2009)
  • Classification Internationale Type des professions CITP-08 : 7131 : peintres en bâtiment et poseurs de papiers peints (O.I.T.) (2008)

13. ADRESSES UTILES

  • Normes marocaines(NM) : Ministère de l’industrie, du commerce et de la mise à niveau de l’économie. Service de normalisation industrielle marocaine

AUTEURS : Asmaa Rhellab (médecin du travail)(This email address is being protected from spambots. You need JavaScript enabled to view it.) ; Nadia Manar (Master en hygiène, sécurité, environnement)(This email address is being protected from spambots. You need JavaScript enabled to view it.), Chakib Laraqui (médecin du travail)(This email address is being protected from spambots. You need JavaScript enabled to view it.) ; Christian Verger (médecin inspecteur du travail)(This email address is being protected from spambots. You need JavaScript enabled to view it.) ; Alain Caubet (médecin du travail)(This email address is being protected from spambots. You need JavaScript enabled to view it.).


DATE DE CREATION : Octobre 2012
DERNIERE MISE A JOUR :

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