L'AFTIM Bossons Futé est une association loi 1901 reconnue d'utilité publique.
FICHE METIER BOSSONS FUTE N°391
ROME : A 1400 | CITP-08 : 9211 |
Travailleuse traditionnelle de l’huile d’argan.
Au domicile ou dans une coopérative, les travailleuses d’huile d’argan assurent manuellement toutes les étapes de la fabrication de cette huile : collecte du fruit, dépulpage, concassage des noix, torréfaction des amendons, broyage des amendons, malaxage de la pâte et extraction de l'huile.
L’apprentissage se fait sur le tas et le plus souvent la transmission de mère en fille.
Autrefois, le travail se faisait au domicile au sein de la famille. Les femmes produisaient l’huile pour usage familial et les hommes vendaient ou troquaient le surplus au souk local. Les femmes n'étaient pas rémunérées pour leur travail.
Actuellement, les femmes se sont organisées en coopératives pour assurer une meilleure production (notamment pour l’exportation) et profiter du revenu de leur travail.
L'huile d'argan est tirée du fruit de l'arganier qui est un arbre endémique présent essentiellement dans la région du sud-ouest du Maroc et en particulier la plaine du Souss. L’Arganier (Argania spinosa L.) est une plante de la famille des Sapotaceae. Il existe deux types d'huile d'argan selon que les amendons ont été torréfiés ou pas. Dans le premier cas, l'huile extraite est sombre et alimentaire. Dans le second cas, l'huile plus claire est à usage cosmétique (peau, cheveux). La fabrication de l'huile se fait en plusieurs étapes :
- La collecte et le séchage du fruit
De mai à septembre, chaque famille collecte manuellement les fruits matures tombés de l’arganier. Le gaulage est interdit.
Mis dans de grands sacs de jute, les fruits sont portés au domicile puis étalés et laissés séchés au soleil.
- Le dépulpage des fruits
Les femmes frottent les fruits entre deux pierres : la plus grosse est en forme de pavé, l’autre sert de battoir. La pulpe se fendille, s’effrite et finit par se détacher. Les derniers lambeaux arrachés, la noix d’argan est libérée. Les noix sont alors séchées et stockées.
La pulpe très amère est un aliment pour les chèvres et les bovins.
- Le concassage des noix
Le concassage se fait à l'aide des deux pierres déjà utilisées pour le dépulpage. Assises à même le sol, les femmes tiennent entre le pouce et l’index la noix posée sur la grosse pierre. Avec une grande dextérité, elles frappent d’un mouvement sec et précis la noix à l’aide de la petite pierre. Ce geste est répété jusqu’à la cassure de la noix qui libère l’amendons.
- La torréfaction des amendons
La torréfaction n’est effectuée que pour l’huile à usage alimentaire. Cette étape donne à l’huile son parfum de noisette. Les amendons placés dans un plat en terre cuite sont grillés quelques minutes sur un feu de bois doux (bois d’arganiers morts et coques de noix d’argan). La durée de la torréfaction donnera à chaque variété d'huile un goût spécifique.
- Le broyage des amendons
Le broyage se fait à l’aide d’un moulin formé de deux pierres rugueuses : une plate surmontée d’une conique. Cette dernière est évidée en son centre et un manchon de bois y est fixé. Les amendons versés dans l’orifice central descendent vers la base. Lorsque la pierre conique est animée d’un mouvement de rotation, les amendons sont écrasés entre les deux pierres. On obtient ainsi une pâte lisse et onctueuse qui est recueillie dans un récipient.
- Le malaxage manuel de la pâte
De petites quantités d’eau chaude sont ajoutées progressivement à la pâte. Le mélange, longuement malaxé à la main, se durcit progressivement. L’huile se libère lentement de la pâte qui continue à durcir. Il faut alors la pétrir et la presser fortement entre les mains pour continuer l’extraction de l’huile.
Avec l'aide de l'Etat, certaines coopératives ont été dotées de broyeuses et de malaxeuses mécaniques modernes.
- Enclumes en pierre nommées en berbère assarwg / tassarugwt,
- Pierres arrondies et allongées pour concassage (taragt tawwunt n traga)
- Accessoires pour la torréfaction : plateaux en argile, braséro, combustible, cuillères en bois, etc.
- Moulin traditionnel en pierre pour broyage
- Serviettes pour mettre les amendons.
- Bouteilles pour l’huile.
- Broyeuses et malaxeuses mécaniques modernes pour certaines coopératives subventionnées par l'Etat
- Eau chaude
- Grands sacs en jute
- Bassines pour le malaxage
Travail au sein de la famille (relation maman-fille) ou en équipe dans une coopérative (relation avec les autres adhérentes, relation entre la présidente de la coopérative et les autres membres). En dehors de la coopérative, relation avec les autres groupements et avec les clients.
- Avoir une bonne résistance physique et supporter les contraintes posturales.
- Nécessité d’une grande dextérité, précision et vitesse du geste pour ne pas se blesser les doigts.
Accessibilité possible aux travailleuses mal entendantes.
Incompatible avec certains handicaps (cécité, certains troubles moteurs)
• Pour les responsables des coopératives, gérer le groupe et encadrer les nouvelles venues
• Approvisionner l'atelier en matière première (transport des fruits à dos d’âne)
• Faire du marketing et assurer la vente du produit
• Entretenir et assurer l'hygiène du lieu de travail
- Coupures, plaies, blessures, pincement des doigts, corps étranger dans l’œil.
- Glissades, chutes de plain-pied, traumatisme par le matériel et les outils utilisés (fractures, contusions, etc.)
- Piqûres d’insectes et morsures de scorpions ou de serpents lors de la collecte.
- Brûlures lors de la torréfaction.
- Biomécanique du poste : contraintes posturales et articulaires (travail en position assise ou accroupie pendant de longues périodes).
- Manutention, port de charges, gestes répétitifs (hyper-sollicitation des articulations des membres supérieurs notamment lors du concassage)
- Ambiance physique : inconfort thermique (chaud en été) dû à une mauvaise ventilation et climatisation, insolation, coup de chaleur et rayonnement solaire lors de la collecte des fruits
- Atteintes respiratoires et irritations oculaires (fumée de bois lors de la torréfaction)
- Déshydratation cutanée
- Aérocontaminants de la fumée de bois (goudrons, monoxyde de carbone, etc.)
- Tétanos (Clostridium tetani) par effraction cutanée et contact avec du matériel souillé.
- Surinfection des plaies, des coupures, des brulures
- Infection oculaire par projection de corps étranger.
- Infection respiratoire, ORL et oculaire (poussière et fumée)
La présidente de la coopérative intervient à toutes les étapes de fabrication de l'huile d'argan, assure l'organisation, la coordination et le contrôle des autres travailleuses.
Le rythme du travail est soutenu avec de longues journées pouvant aller jusqu'à 12 heures quotidiennes
Les femmes membres des coopératives ont des lacunes en matière de gestion et de commercialisation. Les coopératives souffrent de manque de techniciens qualifiés pour l’entretien du nouveau matériel pour le broyage et le malaxage.
Le stress est lié à la nécessite de satisfaire les clients pour assurer un gain minimal pour les femmes membres de la coopérative. Il est aussi dû au cumul de travail au foyer et en dehors.
• Tableau n° 7 : Tétanos professionnel
• Tableau n° 37 : Intoxication professionnelle par l'oxyde de carbone
• Tableau n° 42 : Affections respiratoires de mécanisme allergique
• Tableau n° 59 : Affections périarticulaires provoquées par certains gestes et postures de travail
• Tableau n° 62 : Lésions eczématiformes de mécanisme allergique
• Tableau n° 73 : Mycoses cutanées
• Pathologies vasculaires à type de stase veineuse et de varices (position assise prolongée),
• Pathologies du rachis en rapport avec les contraintes posturales (lombalgies cervicalgies, cyphose de posture).
• Pathologies digestives : troubles gastro-intestinaux à type de gastralgie et de constipation (sédentarité)
• Pathologies liées à la sédentarité (surpoids, décalcifications osseuses).
• Pathologies en rapport avec le travail en plein air lors du ramassage du fruit : insolations, coups de chaleur et infections respiratoires, lésions cutanées en rapport avec l’exposition aux UV
• Contraintes psychosociales et organisationnelles : angoisse, stress, fatigue et troubles du sommeil
Le secteur artisanal notamment en milieu rural ne bénéficie pas de la santé au travail bien qu’il y soit légalement assujetti.
• Visites médicales (embauche, systématiques, spontanées)
• Surveillance médicale renforcée pour les jeunes femmes de moins de 18 ans
• Bilan somatique complet en insistant sur l'état ORL, cardio-vasculaire, respiratoire, visuel, auditif, musculo-squelettique, digestif, cutané et psychologique.
• En fonction de l’examen clinique.
• Bilan biologique de base avec un suivi régulier : troubles métaboliques, analyse des selles,
• Radio pulmonaire tous les deux ans
- Anti-diphtérique, anti-tétanique et anti-poliomyélitique
- Anti-typhique.
- BCG
- Antipneumococcique et antigrippal
En fonction des risques dépistés, un suivi post professionnel devra être réalisé.
Exigé par la réglementation.
• Fumée de bois constituant un polluant pour l'environnement.
• Promiscuité et concentration des personnes au sein de la coopérative avec risque de transmission par voie aérienne de pathologies contagieuses (grippe, tuberculose, etc.).
• Risques d'accidents et d'incendie liés à l'insuffisance des mesures de prévention et de sécurité au sein de la coopérative
- Métrologie des ambiances physiques (thermiques).
- Ergonomie du poste de travail : biomécanique des postes de travail (évaluation des gestes et postures)
• Couverture médicale des travailleuses de toutes les coopératives par des services de santé au travail ou par les bureaux municipaux ou ruraux d'hygiène
• Respect de la législation en matière d'horaires de travail et de port de charges
• Lutte contre les mauvaises postures, gymnastique de pause
• Aération, ventilation et ensoleillement avec locaux plus spacieux
• Procédure d'urgence en cas d'accident avec trousse d'urgence
- Equipements de protection individuelle adaptés : tenue de travail, gants, masques
- Lors du ramassage du fruit : utilisation de crèmes cutanées protectrices sur les parties découvertes et port de chapeaux
- Hygiène de vie : douche et lavage fréquent des mains, repas réguliers et équilibrés
Organiser des séances de formation, d'information et de sensibilisation sur :
- les questions relatives à l'hygiène, à la santé et à la sécurité au travail (formation à l'utilisation des équipements de protection individuelle, postures, etc.)
- les risques encourus, les pathologies liées au travail et les maladies professionnelles
- les procédures à mettre en place (en cas d'infections, etc.)
- l'importance de leur alphabétisation et la scolarisation de leurs enfants
- la gestion du stress et de leur budget
Loi nº 24.83 relative au statut général des coopératives promulguée par le dahir nº 1-83-226 du 5 octobre 1984. Elle permet au gouvernement de soutenir les actions des coopératives, de favoriser la formation, la recherche, l’échange de bonnes pratiques et la mise en valeur des ressources humaines.
- Le titre IV du livre II de la loi n°65-99 relative au code du travail traite de l'hygiène et de la sécurité des salariés, des services médicaux du travail et des comités d’hygiène et de sécurité. Cette loi inclut les coopératives dans son champs d’action.
• NM (Normes marocaines) .4.001-1993 : protection contre les agents physiques, chimiques et biologiques
• NM 00.5.800 et 801-2001 : système de management de santé et de sécurité au travail
• NM 08.0.000 :1995 : principes généraux d'hygiène alimentaire
• Fennane M, Ibn Tattou M. Catalogue des plantes vasculaires rares. Université Mohamed V, Institut Scienti fique, Département de Botanique et d'Ecologie végétale, Rabat, Maroc
• Bot. Tidsskr. 12: 92 - 93. 1880 - 81.
• COSSON 1881: 10 - 11.
• Bull. Soc. Hist. Nat. Afr. Nord 16: 4 - 7.
• Dansk Biogr. Leks. 21: 331. 1941.
• Morocco ; Reliquiae Maroccanae
• Ministère de l'agriculture et de la pêche maritime : Agence Nationale pour le Développement des Zones Oasiennes et de l’Arganier. 10, avenue Ouarzazate, Quartier Administratif 10000 Rabat. Tél : 05 37 77 27 78
• Centre antipoison et de pharmacovigilance du Maroc, Rabat, Rue Lamfedel Cherkaoui, Rabat Instituts, Madinate Al Irfane, B.P. 6671, 10100, Rabat. Tel.: +212 5 37 77 71 85/Fax: +212 5 37 77 71 79. http://www.capm.ma/
• Institut Pasteur du Maroc : www.pasteur.ma
• http://www.bossons-fute.fr
Pour toutes remarques et propositions de corrections, joindre : This email address is being protected from spambots. You need JavaScript enabled to view it.